La Pologne sort d’une année 2024 historique ponctuée par une qualification pour l'EURO féminin de l'UEFA 2025
Au micro d’Inside FIFA, sa sélectionneuse Nina Patalon revient sur le développement du football féminin dans son pays
Patalon : « C'est la confirmation que nous sommes dans la bonne direction et que nos efforts produisent les résultats escomptés. »
La Pologne a disputé son premier match officiel de football féminin en 1981. C’est donc une vieille histoire que le pays entretient avec la discipline, quoiqu’un peu contrariée : Jamais la Pologne ne s’était qualifié pour le moindre tournoi majeur jusqu’à ce match de barrage retour qualificatif pour l'EURO féminin de l'UEFA 2025 face à l’Autriche du 3 décembre 2024. Le début d’une nouvelle ère.
« C’est une immense joie d’avoir accompli cela, et de l’avoir fait en équipe, du début jusqu’à la fin, titulaires, réservistes et staff réunis » explique la sélectionneuse Nina Patalon au micro d’Inside FIFA. « La route vers l'EURO n'a pas été facile. Mais nous avons su faire le dos rond dans les moments difficiles, et nous avons engrangé une expérience précieuse. Notre persévérance a payé. »
L’émotion est encore palpable. Elle est à la hauteur de l’exploit, fruit de longues années de travail et d’investissements. Car la fédération polonaise de football n’a pas ménagé ses efforts pour faire du football féminin un sport aujourd’hui incontournable en Pologne, en témoignent les records d’affluence (8849 spectateurs) à l’occasion de la réception de la Roumanie, dans le cadre des éliminatoires de l’EURO, en octobre dernier, mais aussi d’audience (600 000 spectateurs) pour la rencontre Autriche-Pologne.
« Les succès que nous avons remportés au cours de l'année écoulée confirment que nous sommes sur la bonne voie », analyse Patalon. « Nous sommes conscients que si nous n'avions pas pris des mesures concrètes il y a quelques années, nous ne serions pas en mesure de profiter de notre récente réussite. La popularisation du football féminin en Pologne est un processus qui nécessite une attention constante et la mise en œuvre de nombreux projets. Les lignes directrices de notre stratégie guident nos progrès et nos décisions. »
Stratégie est le maître mot. Le terme fait d’ailleurs écho à la Stratégie pour le football féminin 2024-2027 de la FIFA et à son programme de développement qui a accompagné le processus en Pologne. Grâce au soutien de l’instance dirigeante du football mondial, des festivals ont été organisés dans 16 provinces, auxquels pas moins de 1 600 filles ont participé. Piloté par la FIFA, un workshop a également réuni les parties prenantes afin d’organiser et de financer ladite Stratégie de développement du football féminin en Pologne.
« Nos activités ne concernent pas seulement les plus jeunes. Nous menons des projets plus variés, le football ne se limitant pas qu’aux joueuses, mais aussi aux arbitres, entraîneurs, et autres membres du staff », affirme Patalon. « À la Fédération polonaise de football, nous sommes également convaincus que la popularité de la discipline ne repose pas seulement sur les succès sportifs et les initiatives locales, mais aussi sur l'organisation de grands événements sportifs internationaux. »
2024 restera gravé longtemps dans l'histoire du football féminin en Pologne. Mais nous devrons nous rappeler que nous n'y serions pas parvenus sans l'engagement de nombreuses personnes qui ont été impliquées dans ce processus
La Pologne va notamment accueillir la Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA 2026, sept ans après avoir organisé , avec succès, la compétition masculine. L’engouement devrait être important d’autant que l’équipe polonaise U-20 devraient être majoritairement composée de joueuses ayant réussi l’exploit de décrocher un billet historique pour la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA, République dominicaine 2024. Elle y ont fait bonne figure, parvenant à s’extirper de la phase de groupes.
« C'est la première fois que la Pologne organise un événement de cette envergure dans le domaine du football féminin, c’est un honneur particulier pour nous, », note Nina Patalon.« Dans la carrière de tout athlète, il est important de développer ses compétences et de les tester contre les meilleurs adversaires possibles. Ces compétitions offrent ces opportunités. Je suis convaincue que la compétition aura un impact positif à la fois sur la carrière des joueuses et sur l’évolution du football féminin en Pologne. Cette nouvelle génération de joueuses représente sans aucun doute le futur de l'équipe de Pologne féminine ».
L’avenir s’annonce donc radieux, d’autant qu’aucune joueuse de l’actuelle sélection A polonaise ne dépasse 28 ans. Pas encore quarantenaire, la sélectionneuse est également l’une des plus jeunes de la planète à ce poste. Il y a cinq ans, elle figurait d’ailleurs parmi les « élèves » du Programme de mentorat pour entraîneures de la FIFA. Pantalon avait pour mentor la technicienne suédoise Anna Signeul.
« Cette expérience m'a permis d'acquérir une perspective internationale, de rencontrer des personnes passionnées et professionnelles. J’ai beaucoup appris en matière de management. Grâce à ma collaboration avec Anna, avec qui j'entretiens encore aujourd'hui de très bons rapports, j'ai pu prendre de la distance par rapport à mon travail et avoir une vision plus large de comment fonctionne un staff. Le fait de côtoyer l'élite m’a convaincu que chacun a en soi la capacité de déployer ses ailes, encore faut-il savoir se créer les conditions et les opportunités pour cela. »
La sélectionneuse et ses Aigles - surnom de la sélection nationale - ont bel et bien déployé leurs ailes. Les voilà en haute altitude dans la hiérarchie mondiale (28e), après avoir réalisé la meilleure progression en termes de points dans la dernière édition du Classement FIFA.
« Le travail d'un sélectionneur est parsemé de moments difficiles, mais aussi d’instants merveilleux. Je suis fière que nous ayons constitué une équipe composée de personnes pour qui le développement du football féminin en Pologne importe vraiment. Le chemin que j'ai parcouru a été long et semé d’embûches », confie-t-elle avant de conclure : « Il m'a fallu faire de nombreux sacrifices. Mais c'est le voyage d'une vie, et il m’apporte beaucoup de bonheur. Et je crois que les meilleurs moments sont encore devant moi. »
Je crois aussi que ma véritable aventure footballistique ne fait que commencer, après tout, je suis encore si jeune !